Coincée chez Papy Joe! L'aventure commence (mal...)

"Les yeux dans le vague, Syl caressait doucement la tête touffue de son petit Wanwan. Le corps de la pauvre bête était visiblement meurtri, du sang luisait le long de ses flancs. Syl était sûre que, s’il en avait eu la force, le petit Dinoz lui aurait envoyé une bonne décharge pour avoir autant manqué de jugement. Comment a-t-on pu en arriver là? Se demanda Syl, accablée.
En fait, elle savait parfaitement comment elle en était arrivée là, à veiller sur un petit dinoz qui n’avait même plus l’énergie de reprendre des forces, sans argent, sans moyen de contacter qui que ce soit, toute seule avec une créature qu’elle n’avait pas choisi d’avoir.
Tout avait commencé lorsque son frère était parti. Mirda était parfait. Génial dans tout ce qu’il entreprenait, gentil, fort, attentionné. Toute son enfance, Syl avait pensé que Mirda la protègerait, qu’il serait toujours là, quoi qu’il arrive. Seulement voilà, il était parti. Un soir, il était rentré tard, beaucoup plus tard que d’habitude. Alors à moitié endormie, Syl avait entr’aperçu son frère se précipiter dans sa chambre, prendre quelques affaires et un peu d’argent à la va-vite, et enfiler un manteau. Elle s’était alors précipitée contre lui:

- Mirda! Mirda, où tu vas?

Mirda avait alors tourné son visage vers sa petite sœur, et ce qu’elle y avait vu lui avait coupé le souffle. Son grand-frère, d’ordinaire d’un calme presque froid, toujours impassible quelque soit la situation, avait eu les joues rougies par l’excitation. Ses yeux brillaient intensément, ses cheveux étaient en bataille, et il avait un sourire qu’il ne parvenait manifestement pas à réfréner. Il avait posé la main sur la tête de Syl, et lui avait dit:
- T’inquiète pas, petite sœur. Je ne vais pas te laisser toute seule. Il est tard, va te recoucher.
Rassurée, Syl était retournée se coucher. Le lendemain matin, il était parti. Effondrée, Syl se serait mise à pleurer, si elle n’avait pas entendu une sorte de miaulement bizarre qui venait de l’entrée de la maison. Intriguée, elle s’approcha, et découvrit une tout jeune Wanwan emmitouflée dans une couverture, avec à côté de lui une note de papier. Ne prêtant aucune attention au Dinoz, Syl ramassa le mot:

« Petite Sœur,
Je suis sûr que tu m’en veux, et je sais que quoi que je puisse dire, tu ne pourras pas comprendre mes raisons. Sache au moins ceci: je vais vivre. Je vais devenir fort. Et je vais vivre et me battre pour moi, et pour personne d’autre. Si jamais l’envie te prend de me suivre, prends soin de ce petit Dinoz. Il est à toi. Tu peux choisir de le vendre si tu veux, je suis sûr que tu en tireras un bon prix. Mais si tu t’occupes de lui, je suis sûre que tu me comprendras un jour.
Mirda. »

Seule, avec un Dinoz sur les bras, et folle de rage, Syl n’avait alors plus eu qu’une idée en tête: retrouver son frère. Pour lui flanquer une raclée ou pour sauter dans ses bras, elle ne le savait pas encore. Et il fallait qu’elle s’occupe d’un Wanwan en plus! Elle avait alors décidé de devenir forte, très vite. Dans la journée qui suivit, elle entraîna son Wanwan jusqu’à épuisement totale, à grand renfort de potion d’Irma. Le petit Dinoz avait protesté maintes fois, mais avait tout de même vaillamment combattu, enchaînant les adversaires et les blessures. Jusqu’à ce qu’il s’effondre complètement, non sans un dernier regard plein de ressentiment envers sa nouvelle maîtresse.

Et voilà où Syl en était. Des larmes amères lui coulaient sur les joues en regardant son petit compagnon souffrir sans qu’elle puisse rien faire. Elle ne l’avait traîté que comme un outil qu’elle pouvait commander à sa guise, mais maintenant elle se rendait compte que ce n’était pas elle qui s’occupait du Dinoz, c’était le Dinoz qui s’occupait d’elle. Combien de fois l’avait-il prévenu d’un chemin un peu risqué? Combien de fois avait-t-il servi de guide, remplaçant le sens de l’orientation désastreux de sa maîtresse? Syl n’avait rien remarqué de tout cela, jusqu’à maintenant. Le petit Wanwan était resté avec elle, malgré son comportement envers lui. Une bouffé d'affection monta en elle, et elle prit le Wanwan inconscient dans ses bras. Ayant enfin trouvé un nom pour son nouveau compagnon, elle lui murmura à l'oreille:
- Maxime, tu es Maxime. "